Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/166

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collaborateurs les plus assidus & les plus aimés. Une ou deux parades qu’il avait écrites sans y prendre garde eurent un succès inespéré ; on lui en demanda d’autres ; & une véritable vogue s’attacha dès lors à ces petites compositions scéniques.

L’une d’elles, la Première Tragédie de Gœthe, contient un prologue en vers débité par le seigneur Croquignole :

Permettez-moi, Messieurs, en mouchant mes chandelles,
De causer un instant de ce qu’on joue ici ;
Ce ne sont, il est vrai, que farces, bagatelles,
Mais si l’on est content, je le suis fort aussi.
Ma foi ! vive la joie et les parades folles
Où le héros survient, la perruque à l’envers,
Un bras gris, l’autre bleu, le chapeau de travers,
Et débute, s’il veut, par quelque cabriole.
Ma catastrophe, à moi, c’est un coup de bâton ;
Mon poignard, Arlequin le porte à sa ceinture ;
Nos sabres sont de bois, nos noirceurs en peinture,
Et si le dénoûment nous touche d’aventure,
c’en qu’on doit immoler un pâté de carton.

Voilà son programme tout entier. On aime à découvrir ce coin de naïveté inattendu chez un auteur déjà aguerri aux malices du Figaro, cet amour des enfants chez un journaliste accoutumé à tirer profit des passions des hommes. Mais qu’on ne s’abuse pas cependant : le théâtre d’Édouard Ourliac procède moins de Berquin que de Gherardi ; la tradition qu’il suit est celle