Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/193

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de route. Je demeure chez un professeur de l’Université, M. P., qui professe la quatrième au collége ; mais nous nous sommes montré nos chapelets, &, le soir, j’entendais les petits enfants qui récitaient en cadence : Mn, Mn, Mn, Mn, Ora pro nobis ; mn, mn, mn, mn, Ora pro nobis, etc. ; je me suis endormi là-dessus. »

Toute cette lettre est des plus singulières, elle peint à la fois l’état de son âme & l’état de son esprit ; il y parle d’épreuves à renvoyer à M. Hetzel & à la Revue de Paris ; il a dîné avec l’évêque, un aimable & admirable homme, dit-il, qui l’a constamment appelé d’Ourillac ou d’Houriaque. Puis, le vieux caractère reprend le dessus, & voici les farces qui arrivent : il annonce qu’on va éclairer la campagne aux bougies, spécialité du Mans. Et finalement : « En somme, je ne vais pas mieux ; je ne souffre point, ma poitrine est bonne, nulle oppression ; mais je tousse, je crache, je suis faible ; rien n’y fait. »

Une autre fois (on comprendra que nous le laissions raconter lui-même ses années d’adieu) il écrivait à M. Louis Veuillot, toujours de la ville du Mans :

« Je voudrais pouvoir vous dire que je vais mieux, je voudrais le croire, je le dis souvent ; mais je voudrais que ce mieux finît, car il m’assomme ; mes crachements & mes enrouements ne me lâchent