admiraient, ainsi que Mortimer, la dextérité du Français.
Jacques, avec une facilité et une clarté d’élocution dues à son indiscutable talent de mécanicien pratique, démontra qu’il suffisait d’introduire dans le mécanisme en question quelques légers changements pour obvier aux défectuosités de la machine à coudre. Mortimer suivait avec une attention avide les déductions logiques du Français.
« Mon cher confrère, s’écria-t-il quand Jacques eut, terminé sa démonstration, vous êtes un homme de premier mérite ! Vous venez de créer la machine à coudre définitivement perfectionnée, que vous pourrez appeler La Silencieuse.
– Cette machine portera votre nom, monsieur, car je prends l’engagement formel de n’en jamais revendiquer l’idée.
– Cela, je ne l’accepte pas !
– Pourquoi donc !
– Parce que, m’abandonnant cette idée, vous m’abandonneriez la somme énorme qu’elle rapportera.
– Une somme énorme !… répéta Jacques Garaud en souriant. Je crois, monsieur, que vous exagérez ; mais, je n’en maintiens pas moins l’engagement que j’ai pris. »
« Voilà un galant homme et un homme sûr de sa force ! pensa Mortimer. Quel associé j’aurais en lui ! »
« Inutile d’insister, mon cher confrère. Je n’accepterai votre offre que dans un seul cas : c’est que nous exploitions en commun la machine à coudre perfectionnée par moi, et complétée par vous.
– Je vous remercie de cette proposition, mais à quoi bon une association pour si peu de chose ! Je ne sais pas d’ailleurs, si je me déciderai à rester en Amérique.
– Avez-vous donc changé d’avis, monsieur ? demanda Noémi. Ne me disiez-vous pas, il y a tout au plus cinq minutes, que vous comptiez au contraire y rester longtemps ?
– Tel est, en effet, mon projet. Quand j’aurai achevé