Ovide chancelait sur ses jambes. Ses dents claquaient.
« Non… non… non… bégaya-t-il, tu ne feras pas cela… Pitié pour un malheureux égaré… Pardonne ma faiblesse !
– Tais-toi, et donne-moi ce sac ! »
Ovide tendit l’escarcelle à Jacques Garaud.
« Tu sais ce qu’il y a là-dedans ?
– Soixante mille francs, à peu près.
– Bien… Attends-moi là. »
L’ex-contremaître se dirigea vers le passager aux cheveux blancs.
« Pardon, monsieur, lui dit-il en l’abordant et en lui présentant le sac de cuir, cette sacoche est bien à vous ? »
Le voyageur porta vivement la main à son côté.
« Volé ! s’écria-t-il avec effarement.
– Voici l’escarcelle qui vous manque… Voyez si son contenu est intact. »
Sans perdre une seconde, le vieillard tira de sa poche une petite clef, ouvrit précipitamment la sacoche que Jacques venait de lui remettre, et en visita le contenu.
« Non… non… il n’y manque rien… fit-il avec joie. Tout y est bien… Toute ma fortune, difficilement amassée en trente années de travail, et que je porte à ma fille… Mais comment ?…
– Veuillez me suivre ; je vous expliquerai… »
Et le prétendu Paul Harmant se dirigea vers Ovide qui suivait du regard tous ses mouvements. Le vieillard l’accompagna. Jacques s’arrêta en face d’Ovide.
« Voilà l’homme qui vous a volé, dit l’ex-contremaître. Je connais ce drôle et je désire qu’il ne soit point arrêté, ce qu’il mériterait cependant, mais j’exige qu’il vous fasse l’aveu de son crime et qu’il sollicite votre pitié… »
Ovide s’empressa de balbutier d’une voix éteinte :
« J’avoue… monsieur… j’avoue… j’avoue… et je vous supplie de me pardonner…
– Je vous pardonne à la requête de monsieur, répliqua le passager d’un ton méprisant. Allez vous faire