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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/123

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pendre ailleurs. Je me souviendrai de votre visage. Moi aussi je vais à New York et je connais M. Mortimer chez lequel vous allez travailler. Vous m’avez raconté tout à l’heure le but de votre voyage. Je vous écoutais, trop confiant, et je me figurais naïvement avoir affaire à un honnête et habile ouvrier. Mais vous êtes un gredin, et il suffirait d’un mot de moi pour ouvrir les yeux à votre patron. Je devrais le faire… »

Jacques intervint.

« La leçon lui suffira, dit-il, du moins, je l’espère. Je vous demande pour lui le silence sur cette triste affaire.

– Pour sa famille, et surtout pour vous, monsieur, qui m’avez rendu ma fortune volée, je garderai le silence… Mais je veux savoir le nom de cet homme…

– Il se nomme Ovide Soliveau, dit le faux Paul Hermant.

– Ovide Soliveau… répéta le passager. Je connais ce nom. Ah ! je me souviens… C’est celui d’un particulier, originaire de la Côte-d’Or contre lequel j’ai eu entre les mains, à Paris, un mandat d’amener pour vol avec effraction. »

Jacques Garaud regarda fixement Ovide qui semblait défaillant et ne songeait même point à nier.

« J’ignorais le passé de cet homme, dit-il ensuite, mais, par considération pour sa famille, je continuerai à le couvrir de ma protection. Vous m’avez promis le silence…

– Et je tiendrai ma promesse, monsieur, mais je n’oublierai pas et, si quelque nouveau méfait remet un jour ce jeune drôle en ma présence, je serai sans pitié. »

Puis le vieux passager, tendant la main à Jacques, ajouta :

« Si jamais vous avez besoin de moi pour quoi que ce soit, souvenez-vous que vous pouvez compter sur moi. Je me nomme René Bosc, je suis Français, j’ai fait partie de la brigade de sûreté, je viens d’obtenir ma retraite, et je vais vivre en famille au numéro 56 de la 11e Avenue, New York.