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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/128

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de charges écrasantes, que leur conviction s’était modifiée du tout au tout.

« Cette femme nous a trompés ! murmura Mme Darier.

– Nous chercherons à l’oublier… dit l’excellent prêtre. Nous chercherons surtout à ce que le cher enfant que nous aimons déjà ne sache jamais quelle souillure le crime de sa mère a mis sur le nom qu’il porte. »

Il fut convenu entre le frère et la sœur que Mme Darier ferait sans tarder les démarches nécessaires pour adopter le petit Georges. Ces démarches aboutirent rapidement. Un arrêt légalisa l’adoption du fils de Jeanne Fortier. L’enfant, à partir de ce jour, se nomma Georges Darier.

L’abbé Laugier fut son premier professeur et n’eut qu’à se louer du zèle de son élève, et de son intelligence bien ouverte. Outre Georges, on avait gardé un autre souvenir de son passage à la cure de Chevry, c’était le petit cheval de carton dont l’enfant n’avait point voulu se séparer.

Jeanne, nous le répétons, s’était trouvée atteinte d’un véritable transport au cerveau en entendant prononcer sa condamnation. Une fièvre cérébrale s’était déclarée. Le danger fut immense, mais grâce à sa constitution vigoureuse, Jeanne triompha du mal. La guérison vint, mais lente et incomplète.

En retrouvant peu à peu l’usage de ses sens et de la parole, Jeanne ne recouvra ni le souvenir, ni la plénitude de ses facultés mentales. De profondes ténèbres enveloppaient son cerveau. Jeanne n’avait plus conscience ni du passé ni du présent.

La veuve de Pierre Fortier fut envoyée dans la section des aliénées tranquilles à la Salpêtrière.

« Cette femme guérira peut-être, dit le médecin en chef qui l’examina au moment de son arrivée, mais quand ? C’est un problème que la science ne peut résoudre… »

Ainsi Jeanne innocente était doublement frappée !