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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/136

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d’entendre Jacques Garaud se mouvoir. Le faux Paul Harmant venait en effet de faire un mouvement léger. Ovide quitta son siège et attendit le réveil complet. Ce réveil ne se fit point attendre. Jacques ouvrit les yeux, puis se dressa brusquement sur son séant en disant :

« Pourquoi suis-je couché tout habillé ?

– Ah ! ça, cousin, tu ne te souviens donc de rien ?

– Je me souviens que je travaillais, là… près de toi…

– Parfaitement, fit Ovide avec un demi-sourire puis tout à coup tu t’es levé, gesticulant comme un possédé. J’ai cru que tu allais devenir fou ! »

Jacques se leva d’un bond.

« Qu’est-ce que cela signifie ? balbutia-t-il en frissonnant.

– Que tu as eu un commencement de congestion au cerveau, tout bêtement… Tu travailles trop, cousin.

– Pourquoi n’as-tu pas fait demander un médecin ?…

– Par prudence. Tu parlais… tu criais… Ce n’était pas utile qu’un étranger soit là, t’écoutant. »

Jacques Garaud devint très pâle.

« Qu’ai-je pu dire ?… » se demandait-il avec effroi.

Il fit un effort pour chasser les pensées qui l’obsédaient.

« Où en es-tu de ton travail ? reprit-il.

– J’ai dressé les devis… Tu n’auras qu’à vérifier les prix… Nous pourrons à midi nous rendre à l’usine. »

Les affaires furent promptement terminées, et le lendemain soir Jacques reprenait avec Ovide Soliveau le chemin de fer qui devait les ramener à New York. Le soir même, Ovide prit une feuille de papier, une plume et écrivit ces mots :


« New York, 23 juin 1862.

« Monsieur le directeur de l’hôpital général de Genève,

« Monsieur,

« Je viens réclamer de votre obligeance un service important pour moi. J’ai appris que, l’année 1856, le