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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/148

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versant la pharmacie, entra dans la chambre de sœur Philomène. La religieuse étendue sur son lit, les mains jointes, dormait d’un sommeil profond. Jeanne respira et, sans perdre une seconde, se rendit à la chambre de la Supérieure, prête à partir déjà.

« Ma mère, lui dit-elle, sœur Philomène vous prie de ne pas l’attendre. Elle vous rejoindra tout à l’heure, à l’église. »

Jeanne regagna l’infirmerie et trouva la religieuse plongée plus que jamais dans un sommeil quasi léthargique. Alors elle se dépouilla d’une partie de ses vêtements et, avec une prodigieuse rapidité, revêtit le costume de sœur Philomène ; puis elle glissa dans la poche de sa robe un mouchoir soigneusement noué contenant son humble fortune.

Les sœurs, depuis quelques minutes, étaient réunies dans une salle du rez-de-chaussée placée entre le greffe et la porte donnant sur la cour. La Supérieure arriva.

« Je ne vois pas sœur Philomène, dit une jeune sœur.

– Nous ne l’attendrons pas… Elle nous rejoindra plus tard. »

Les religieuses, bravant la neige qui tombait à flocons épais, traversèrent la cour et arrivèrent au chemin de ronde dont un second guichetier leur ouvrit la porte. Dix minutes après leur départ un petit coup fut frappé à l’huis de la salle du rez-de-chaussée, du côté de la prison. Le gardien fit jouer un guichet et vit une religieuse.

« Ah ! ah ! dit-il, c’est sœur Philomène ; je suis prévenu. Passez, ma sœur. Vous allez avoir un fichu temps ! »

La religieuse, dont le capuchon rabattu cachait aux trois quarts le visage, se contenta d’incliner la tête, et se dirigea vers la porte qui s’ouvrit. Un instant après, celle du chemin de ronde se refermait derrière elle, Jeanne était libre.