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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/151

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– Libre à vous, cousin, de penser ainsi. Vous êtes maître absolu de rester à New York. Je ne tiens pas à vous emmener… Mais moi je veux partir… Si je ne partais pas, je mourrais.

– Encore ! murmura le père attristé. Que se passe-t-il donc dans ton esprit ce matin pour avoir des idées si sombres ?…

– Je ne sais pas… L’ennui m’étouffe… il me tue… voilà tout. »

Et Mary éclata en sanglots. Garaud la prit dans ses bras.

« Calme-toi, chère enfant… balbutia-t-il d’une voix brisée. Nous irons en France. Mais à Paris, que ferons-nous ?…

– Nous vivrons comme ta grande fortune nous permet de vivre… Nous aurons un hôtel. Nous irons au spectacle, nous recevrons.

– Mais bientôt nous serons las de cette vie d’agitation. Il me manquera, à moi, le travail… l’activité. Le travail, vois-tu, c’est ma vie.

– Eh bien, qu’est-ce qui t’empêche de vendre ton usine ici, et d’en monter en France une autre toute pareille ? Tu es le plus grand mécanicien et l’un des premiers inventeurs des États-Unis… Je voudrais te voir prendre dans ton pays natal une position pareille… Ta renommée te suivra là-bas, et tu seras bientôt en France aussi célèbre qu’en Amérique… »

Jacques Garaud écoutait, les sourcils froncés.

« Tu installeras en France une usine magnifique, aussi grande que celle de New York. Tu exploiteras ta nouvelle invention des freins instantanés pour les chemins de fer. Elle fera fureur ! Voyons, c’est décidé, n’est-ce pas ? Le temps de vendre, ce qui sera vite fait, puisque tu as déjà des offres et nous partons ! Vous viendrez avec nous, cousin Ovide.

– Nous verrons… nous verrons… répondit Ovide en ricanant.

– À votre aise ! Je vois à votre air que vous allez mettre tout en œuvre pour empêcher mon père de faire ce que je désire et cependant, malgré vous, cela se fera.