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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/152

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Je veux aller en France. L’air de la France est nécessaire à ma vie, et si mon père refusait de m’y conduire je mourrais ! Vous voyez bien qu’il ne refusera pas… Nous partirons dans une semaine. »

Et la jeune fille, énervée par la contradiction, quitta vivement la salle à manger pour laisser couler les larmes qui montaient à ses yeux. Paul Harmant resta seul avec Ovide.

« As-tu l’intention d’obéir à ce caprice ? demanda ce dernier.

– Et le moyen de n’y pas obéir ? Tu as bien entendu… Elle tomberait malade… Elle mourrait…

– Oh ! père inepte ! s’écria Ovide en haussant les épaules ; ta fille peut se vanter de te conduire par le bout du nez !…

– Mais Mary a raison… répliqua Jacques. J’ai assez fait pour l’Amérique. Nous irons en France… Davidson m’a proposé un acquéreur sérieux… Je vais aller de ce pas céder l’usine pour le prix qu’on m’en offre.

– J’aurais à te parler, cousin… dit brusquement Ovide.

– Eh bien, parle…

– Non, pas ici.

– Pourquoi ?

– Parce que ce que j’ai à te dire ne doit être entendu de personne… » fit Ovide en baissant la voix.

Les prétendus cousins se rendirent dans le cabinet de travail de Jacques qui dit alors :

« Nous voilà seuls. Maintenant, parle.

– Causons, reprit Ovide. Tu es bien décidé à quitter l’Amérique ?

– J’y suis décidé, oui.

– C’est parfait ! Et qu’est-ce que tu vas faire de moi ?

– Tu viendras avec nous !

– Je n’ai aucune envie de retourner dans un pays où je pourrais avoir des ennuis avec une justice chatouilleuse.

– Tu veux parler sans doute du mandat d’amener lancé contre toi jadis ?… Tu n’as rien à craindre… Il y a plus que prescription… On ne peut t’inquiéter.