Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Je le sais, mais je préfère rester en Amérique.

– Eh ! rien ne t’empêche d’y rester… J’imposerai ton engagement à mon acquéreur… Tu auras de bons appointements et tant pour cent sur les affaires. Cela te convient-il ?

– Non, répondit Ovide en roulant une cigarette.

– Alors, que veux-tu ?

– T’acheter ton usine…

– Diable ! Je te croyais sans le sou en te voyant chaque jour faire appel à ma caisse pour tes dettes de jeu… Et à t’entendre il paraît que, loin d’être à sec, tu as mis de côté la jolie somme d’un million… Mes compliments, cousin !…

– Je n’ai pas un sou de côté. J’ai encore perdu hier soir deux cents dollars que tu me donneras tout à l’heure, et cependant je t’achète ton usine.

– Je demande le mot de l’énigme.

– Il n’y a là aucune énigme… Nous rédigerons un acte de vente… Tu me signeras une quittance d’un million, et tu me remettras quarante mille dollars comme fonds de roulement. C’est là le prix que je mets à mon silence. »

Jacques se dressa comme mû par un ressort.

« Ton silence ! s’écria-t-il. Qu’ai-je besoin de ton silence ? Je n’ai rien à cacher, moi ! Je ne crains rien…

– Cherche bien, et tu verras que ton retour en France n’est possible qu’à la condition que je me tairai…

– Que veux-tu dire ?

– Que JACQUES GARAUD, s’il était connu, aurait grand tort de retourner dans le pays témoin de ses exploits… »

En entendant à l’improviste ce nom de JACQUES GARAUD, l’ex-contremaître s’élança sur Ovide.

« Quel nom viens-tu de prononcer ? s’écria-t-il.

– Le tien, parbleu ! répondit Ovide sans se décontenancer. Allons, cousin de contrebande, bas les masques ! Tu t’appelles JACQUES GARAUD, tu as incendié l’usine d’Alfortville et tu as volé et assassiné ton patron, l’ingénieur Labroue… Après ces gentillesses, tu t’es créé une individualité nouvelle en te servant d’un livret tombé