Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Je le désirais, mais j’étais moi-même accablé de besogne.

– Tant mieux ! Je ne t’en veux pas, et la preuve, c’est que je viens te demander à dîner. Dis à Madeleine de mettre mon couvert et de nous confectionner une de ces timbales de nouilles au fromage et au jus dont elle a le secret. »

Georges sonna en riant. La vieille servante accourut.

« Mon tuteur dîne avec moi, commença Georges, et…

– Et je vais préparer une timbale de nouilles… interrompit Madeleine, à sept heures précises, le dîner sera servi… et je monterai deux bouteilles du vieux vin de Corton que M. Étienne trouve si bon.

– Bravo, Madeleine ! »

La servante se retira et le peintre reprit :

« Maintenant que j’ai terminé mes tableaux de commande, je veux retoucher une toile dont j’avais fait l’ébauche chez mon ami, ton excellent oncle, le curé de Chevry. À ce propos, j’ai besoin que tu me rendes un service. Tu as conservé religieusement, je le sais, un souvenir de ton enfance, un petit cheval de bois et de carton.

– Qui me vient de ma bonne mère… acheva Georges Darier. Elle me l’avait donné quand j’étais tout petit, et je le garde comme une précieuse relique.

– J’ai besoin que tu me prêtes cette relique pour mon tableau.

– Que représente-t-il donc, ce tableau ?

– Une scène dramatique… Des gendarmes viennent arracher d’une maison où elle s’était réfugiée une femme accusée de quelque crime. Outre la femme arrêtée, les gendarmes, le maire, le garde champêtre, j’ai placé sur cette toile ta mère, ton oncle, moi-même faisant un croquis de cette scène, et enfin toi, qui semble implorer les gens de justice et leur demander de faire grâce à la malheureuse.

– Et cela est arrivé ?

– Oui !

– Et j’étais là ?

– Parfaitement ! »