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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/171

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res et demie, des pas résonnèrent dans l’escalier. D’une main agitée elle entrouvrit la porte de sa chambrette.

« Est-ce vous, monsieur Lucien ? demanda-t-elle tout bas.

– Oui, ma chère Lucie, répondit le jeune homme.

– J’étais bien tourmentée, savez-vous ! dit-elle. Il me semblait qu’il avait dû vous arriver malheur.

– Il ne m’est arrivé que des choses heureuses. Voulez-vous me permettre d’entrer chez vous pour raconter cela ?

– Oui, entrez, je finirai mon travail en vous écoutant. »

Lucien prit un siège et s’assit à côté de la jeune fille.

« Vous avez vu votre ancien ami, M. Georges Darier ? dit-elle.

– Oui. Il m’a reçu en homme dont le cœur n’est point oublieux. Il m’a retenu à dîner.

– Vous a-t-il promis de vous trouver un emploi ?

– Dans un mois, sans doute, je serai placé comme directeur des travaux chez un industriel immensément riche qui fait construire une grande usine auprès de Paris.

– Que je suis heureuse ! Maintenant nous avons l’un et l’autre besoin de repos, et d’ailleurs il ne faut pas faire jaser les voisins. Séparons-nous. »

La situation de Lucien avait profondément touché Georges Darier. Aussi le lendemain, de bonne heure, il prit le chemin de la rue Murillo, afin de solliciter Paul Harmant en faveur de son protégé. Il demanda au valet de chambre du millionnaire :

« M. Harmant peut-il me recevoir ?

– J’ai le regret d’apprendre à monsieur Darier que M. Harmant est en voyage… répondit le domestique. Mais Mlle Mary recevra certainement M. Darier et pourra lui apprendre ce qu’il désire savoir. Dois-je annoncer monsieur Darier ? »

Georges avait assez fréquenté l’hôtel pour remarquer que la jeune fille possédait sur son père un grand ascendant. Aussi s’empressa-t-il de répondre :