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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/178

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– Oui. Une sœur morte quelque temps avant lui…

– Cette sœur n’élevait-elle point un enfant près d’elle ?

– Oui… son fils, m’a-t-on dit.

– Le mien ! pensa Jeanne frémissante. Le mien ! »

Elle ajouta tout haut, en s’efforçant de cacher son anxiété :

« Savez-vous ce qu’est devenu cet enfant ?

– Je ne peux, à ce sujet, vous donner que des renseignements bien vagues… Quand j’ai pris possession de la cure, j’ai entendu raconter que le fils de la sœur du bon abbé Laugier était venu assister aux funérailles de son oncle, et qu’il était reparti pour Paris aussitôt après, avec un ami du défunt. Je ne sais pas autre chose.

– Pouvez-vous m’apprendre au moins le nom de cet ami ?

– Je ne l’ai jamais su.

– Le maire du pays le connaissait peut-être ?

– Il est mort. Deux autres lui ont succédé depuis.

– Et la servante de M. le curé Laugier ?

– Elle avait précédé dans la tombe le curé et sa sœur.

– Cette sœur était veuve, n’est-ce pas ?

– Oui.

– Est-elle morte à Chevry ?

– Je le crois.

– Alors son nom doit être inscrit sur les registres de l’église, sur ceux de la mairie, et aussi sur une tombe.

– Il l’était certainement, mais tout a été détruit pendant la guerre. On s’est battu ici à plusieurs reprises…

– Ainsi, murmura Jeanne, je ne saurai rien ! »

Toutes les questions de la fugitive avaient fini par éveiller un peu de défiance dans l’esprit du curé.

« Quel intérêt puissant, quel intérêt personnel, vous pousse donc à connaître ces choses ? » demanda le prêtre.

Jeanne tressaillit.