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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/181

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« On croirait que vous ne m’avez pas compris… fit-elle.

– Pardon, madame, je vous ai bien compris et je vais suivre votre conseil. Merci de votre complaisance. »

Jeanne sortit. On pense bien qu’elle ne songeait à se rendre ni à la mairie ni à la sous-préfecture, mais elle alla de porte en porte, questionnant. Partout les réponses furent identiques. On ne se souvenait pas…

Désespérée, elle se dit que tout était fini pour elle. Ne sachant pas où chercher sa fille, comment la trouver jamais ? Georges était à Paris, lui ; du moins elle avait tout lieu de le croire ; elle allait donc fouiller la grande ville. Le lendemain, avant le jour, elle arrivait à Paris, brisée, mais prête à recommencer son œuvre, sans se laisser arrêter par les obstacles.

Rue de la Seine, un écriteau frappa ses regards : « Petite chambre et cabinet à louer présentement. » En regardant la maison plus que simple, Jeanne se dit que cela ne devait pas être cher. Elle s’approcha de la loge et demanda :

« Vous avez une chambre à louer, madame ?

– Oui, madame, une chambre et un cabinet au sixième étage… Cent quarante francs.

– Peut-on voir ?

– Très bien. Le local est libre. Je vais vous conduire.

– Ça me convient, dit la fugitive après avoir visité. J’arrive de la campagne pour rester à Paris. Je voudrais entrer aujourd’hui. J’aurai vite fait de meubler cette chambre. »

Jeanne versa trente-cinq francs et reçut une quittance au nom de Lise Perrin, donné par elle. À cette somme elle ajouta, comme denier à Dieu, une pièce de cinq francs, ce qui lui concilia la bienveillance de la concierge.

« Dépêchez-vous donc d’acheter ce qu’il vous faut, lui dit cette dernière, je vous aiderai à emménager.

– Où trouverai-je un marchand de meubles d’occasion ?

– Tout près d’ici, rue Jacob, à gauche. »

La fugitive se rendit à l’adresse indiquée et, moyen-