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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/196

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– À demain donc, mademoiselle.

– À demain, monsieur. Mais j’y songe, fit-elle en riant, je ne sais pas votre nom.

– Lucien Labroue, répondit le jeune homme.

– Lucien Labroue, répéta Mary, je ne l’oublierai pas. »

Le visiteur s’inclina, le cœur gonflé de joie, et sortit du petit salon. La fille de Paul Harmant voulut le reconduire jusqu’au vestibule, s’arrêta sur la plus haute marche du perron, et le regarda traverser la cour. Au moment de franchir la petite porte de la grille, Lucien se retourna et salua de nouveau Mary. Melle Harmant répondit par un geste de la main puis, la porte refermée, elle regagna le petit salon.

« Lucien… Lucien… répétait-elle à demi-voix, ce protégé fait honneur à M. Darier. Je viens de le voir pour la première fois, et il me semble qu’il est déjà un vieil ami pour moi. Il faut qu’il plaise à mon père… Je le veux et cela sera ! »

Paul Harmant arriva le soir, ainsi que l’avait annoncé le télégramme expédié de Bruxelles la veille. Le millionnaire fut frappé du changement survenu pendant son voyage dans l’apparence de sa fille, et il éprouva une profonde douleur. Pour la première fois il aperçut nettement le danger que, jusqu’à ce moment, il n’avait pas voulu voir.

Il demanda à Mary s’il s’était passé quelque chose à l’hôtel depuis la dernière lettre qu’elle lui avait adressée en Belgique. La jeune fille le renseigna mais sans dire un mot de Lucien Labroue. Ce silence était le résultat d’un plan.

« Parle-moi de toi, chère enfant, reprit Paul Harmant. Tu me parais plus souffrante qu’au moment de mon départ.

– C’est une illusion, mon bon père… répondit Mary d’un ton gai. Je ne souffre pas, je me sens l’âme joyeuse et je t’assure qu’en ce moment je me porte à merveille. »

Malheureusement une petite toux sèche vint démentir les paroles de la jeune fille.