Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dustriel, est celui de directeur des travaux dans mes ateliers ?

– Oui, monsieur. Mais avant de continuer cet entretien, veuillez prendre connaissance de la lettre que j’ai l’honneur de vous remettre. Elle est écrite par quelqu’un qui me connaît bien et se fait mon répondant auprès de vous. »

Jacques Garaud prit la lettre et en lut les premières phrases puis, sans l’achever, il la reposa ouverte sur son bureau.

« Georges Darier, fit-il ensuite, vous recommande à moi avec la conviction d’un homme sûr de votre mérite. Vous êtes de l’école des Arts-et-Métiers ?

– Oui, monsieur, et j’ai des études spéciales relativement à la mécanique appliquée aux chemins de fer. Je ne m’en suis pas tenu à la théorie, j’ai abordé la pratique. Je puis me mettre à un étau pour démontrer aux ouvriers comment on forge et on ajuste une pièce.

– Il est inutile de demander si vous êtes dessinateur ?

– Si je ne l’étais, je n’aurais pas osé me présenter à vous. Me trouvant sans emploi, j’occupe en ce moment celui de dessinateur de la maison Simons et Co, de Saint-Ouen.

– Ah ! ah ! vous exécutez les dessins de la maison Simons et Co ? Quel âge avez-vous ?

– Vingt-sept ans.

– Vous êtes Parisien ?

– Il s’en faut peu, car je suis né à Alfortville. »

Le nom d’« Alfortville » tomba comme une douche d’eau glacée sur la nuque du faux Paul Harmant. Il tressaillit, puis, regardant Lucien avec intensité, il reprit :

« Votre père existe ?

– Non, monsieur.

– Mais vous avez au moins votre mère ?

– Tous les deux sont morts… Ma mère, lors de ma naissance… mon père, quand je n’étais encore qu’un enfant… »

Le malaise de l’ex-Jacques Garaud grandissait.

« Que faisait votre père, sans indiscrétion ?…