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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/217

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n’auraient pu le déterminer à transiger avec son cœur.

L’ouverture de l’usine vint, pendant un instant, non pas éteindre l’amour de Mary, mais l’enrayer. Lucien n’apparaissait plus que rarement à l’hôtel de la rue Murillo.

La surveillance des travaux réclamait sa présence à Courbevoie.

Mary souffrait en silence de cet éloignement et parfois elle allait sous un prétexte futile trouver son père à la fabrique, pour voir Lucien. De ces rares entrevues, elle emportait un peu de bonheur.

Un samedi, le fils de Jules Labroue reçut une lettre de Georges. Le jeune avocat l’invitait à déjeuner pour le lendemain. À l’heure indiquée, Lucien arriva rue Bonaparte. Il trouva chez Georges le peintre Étienne Castel. Celui-ci avait appris la situation importante qu’il occupait.

« Je vous félicite de votre succès, monsieur Labroue… dit-il. Je crois qu’un bel avenir s’ouvre devant vous.

– Je l’espère… répliqua Lucien, et je ne cache point que j’ai de hautes ambitions.

– Songeriez-vous à reconstruire les ateliers de votre père ?

– C’est un devoir que je me suis imposé et auquel je ne faillirai pas. Dès que j’aurai mis de côté la somme indispensable pour commencer les travaux, je les commencerai.

– Je te félicite de cette résolution, mon ami ! dit Georges. Et puisque nous songeons au passé, je vais te rendre compte des démarches que tu m’as prié de faire au sujet de cette condamnée.

– Jeanne Fortier ?… Eh bien ?

– Après sa condamnation elle est devenue folle…

– Folle ! s’écrièrent à la fois Lucien et Étienne Castel.

– Oui… et elle est restée pendant dix ans à la Salpêtrière.

– En est-elle sortie ?

– Oui. Un incendie, allumé par un obus pendant le siège produisit sur elle un effet de terreur qui lui