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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/218

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rendit la raison avec le souvenir. Alors elle fut transférée à la maison centrale de Clermont où elle devait finir sa vie.

– Elle est morte ? demanda vivement Lucien.

– Non, mais il y a deux mois, trompant la surveillance, elle s’est évadée sous le costume d’une religieuse.

– Et on n’a point trouvé sa trace ?

– Non, mais son signalement a été envoyé dans toutes les directions et, tôt ou tard, la malheureuse se fera prendre.

– Pauvre femme ! murmura le fils de Jules Labroue. Tu avais raison de le dire, elle a beaucoup souffert. Qui sait si je la verrai jamais ; et j’aurais tant voulu la voir…

– Il paraît qu’elle avait fait faire des démarches pour connaître le sort de ses deux enfants dont son arrestation l’avait séparée. Ces démarches étant restées sans résultat, il est plus que probable qu’elle s’est enfuie pour les chercher elle-même.

– C’est en les cherchant qu’elle se livrera, on le croit…

– Pauvre mère ! on me parlait d’elle il y a quelques jours…

– Qui donc ? demanda Georges.

– Une femme qui jadis a suivi le procès. Elle me disait qu’effectivement Jeanne Fortier avait des enfants.

– Quelle espèce de femme ? fit le peintre avec curiosité.

– Une porteuse de pain qui se nomme Lise Perrin. »

À partir de ce moment l’entretien roula sur d’autres sujets. Le déjeuner s’acheva gaiement.

Lucien demanda à Georges la permission de le quitter de bonne heure et prit le chemin du quai Bourbon.

Lucie attendait en compagnie de maman Lison, devenue son inséparable. Jeanne trouvait le moyen de se rendre utile de mille manières à la jeune fille. L’ouvrière commençait à éprouver pour sa voisine une amitié filiale. Les manifestations de cette amitié mettaient souvent des larmes dans les yeux de la pauvre mère, qui