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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/225

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« Comment cela ? fit-il. Elle doit être en prison.

– Jeanne Fortier, il y a deux mois à peine, s’est évadée de la maison centrale de Clermont où elle était détenue.

– Évadée !… répéta l’ex-contremaître.

– Il est bien probable d’ailleurs qu’on ne tardera pas à la reprendre… continua Georges Darier. Lucien, ce matin encore, ignorait l’évasion de Jeanne Fortier. C’est moi qui la lui ai apprise. Il est désolé… Il attendait beaucoup d’un entretien avec cette femme.

– Mais, fit le millionnaire, il ne pourrait rien contre un criminel couvert par la prescription.

– Pardon, monsieur, il pourrait beaucoup. Si l’assassin s’était fait une position honorable, il le châtierait par le scandale. En certains cas la flétrissure publique ne laisse au coupable d’autre ressource que le suicide.

– Ah ! s’écria Mary, ce serait justice ! Puisse M. Lucien réussir dans son entreprise, et venger son père ! »

Paul Harmant se sentait défaillir. Georges Darier reprit :

« Le rêve de Lucien est de réunir une somme suffisante pour faire réédifier sur les terrains de feu son père une partie des ateliers incendiés ; il deviendrait l’artisan de sa fortune.

– C’est là un but qu’on ne saurait trop louer ! s’écria Mary. Tôt ou tard le succès lui viendra ; mais si tu voulais, père, il lui viendrait tout de suite.

– Comment cela ? demanda le faux Paul Harmant.

– Tu me parlais de la prodigieuse extension de tes travaux. Tu me disais que tu serais obligé bientôt de construire une seconde usine. M. Labroue dirigerait à merveille ta nouvelle usine.

– C’est sur lui que je compte pour cela.

– Alors, fais de lui ton associé. Tu es assez riche pour ne demander aucun apport pécuniaire à M. Lucien qui a le talent, la jeunesse et le courage. Sans compter que notre devoir, à nous qui sommes riches… trop riches… est de donner au fils de M. Labroue le moyen de reconquérir la situation à laquelle sa naissance le destinait. M. Labroue deviendra certainement, par son mérite, un