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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/226

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des princes de l’industrie. Donc une association avec lui ne peut être qu’une chose avantageuse à tous les points de vue… Voyons, père, prononce-toi… »

Le faux Paul Harmant appela un sourire contraint sur ses lèvres, et répondit :

« L’idée a besoin d’être étudiée, mais je ne la repousse nullement en principe. »

En disant ce qui précède, le ci-devant Jacques Garaud s’était levé, forçant sa fille à en faire autant.

« Avant de partir, dit Mary, je vais commettre une indiscrétion. Je désire organiser dans l’hôtel de mon père une petite galerie de tableaux de maîtres, et je sollicite de monsieur Castel d’abord une de ses œuvres, et ensuite ses conseils pour le choix des autres toiles qui viendront entourer la sienne.

– Je serai très heureux de me mettre à votre disposition, mademoiselle. »

Le père et la fille quittèrent la demeure de l’avocat.

« Mon cher tuteur, fit ce dernier en s’adressant à l’artiste, savez-vous ce que je viens de découvrir ?

– Quoi ? demanda Étienne.

– Que la charmante fille du millionnaire plaide avec une chaleur plus qu’amicale la cause de mon ami Lucien. Que l’entrée de Lucien chez Paul Harmant changera beaucoup de choses dans la vie de Melle Mary, car elle l’aime… Enfin, que Lucien pourra bien l’épouser.

– Je ne le crois pas… répliqua froidement Étienne.

– Pourquoi ?

– Pendant que vous causiez, j’observais le richissime industriel. Il paraissait prêt à perdre contenance. Par moments, les paroles de sa fille semblaient le mettre à la torture.

– De cela, que concluez-vous ?

– Je conclus que M. Harmant a d’autres idées ! Je doute très fort qu’il ait beaucoup de cœur.

– Il aime sa fille, cependant.

– Sans doute il l’aime, mais à sa façon. Paul Harmant me fait l’effet d’être un égoïste de premier ordre.

– Bref, il n’a pas vos sympathies ?

– J’en conviens. Peut-être ai-je tort. Je suis l’homme