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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/234

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Jacques Garaud se nommait Labroue. Le fils de la victime au service du meurtrier. Cela doit être, et c’est pour cela que mon cher cousin n’a pas voulu me donner d’emploi dans sa maison. »

Lorsque Paul Harmant se retrouva seul après un court entretien avec Lucien Labroue, il se laissa tomber accablé sur son siège.

« C’est à croire que le diable se mêle de mes affaires ! murmura-t-il. Tout se réunit pour me parler du passé… pour évoquer devant moi des fantômes ! Lucien Labroue, Jeanne Fortier, Ovide !… Un mot d’Ovide à Lucien suffirait pour me perdre. Oh ! ces trois êtres, si je pouvais les anéantir ! »

Tout à coup, brusquement, il dit en se dressant :

« Pourquoi désespérer ? Je tiens Ovide par l’argent. Lucien ne voit en moi qu’un bienfaiteur. Quant à Jeanne, on la reprendra. Je m’effrayais à tort. Rien n’est perdu, rien n’est compromis. Je suis prévenu, d’ailleurs, et je veille… »

* * *

Cinq jours après, Paul Harmant recevait ce mot :

« Cher cousin,

« J’ai découvert un gîte, avenue de Clichy, numéro 192, aux Batignolles. Je compte avoir à bref délai le plaisir de t’y recevoir. Tu me préviendras la veille et je ferai venir le déjeuner du Restaurant du père Latuile. »

Paul Harmant reçut la lettre et la brûla après avoir gravé l’adresse dans sa mémoire. Pour échapper aux idées sombres qui l’obsédaient, l’industriel quittait dès le matin l’hôtel de la rue Murillo où Mary s’ennuyait.

Mary avait revu une seule fois Lucien et s’était montrée charmante pour lui ; si charmante que le fiancé de Lucie évitait de se rencontrer avec la fille du millionnaire.

Du corps et de l’âme, Mary souffrait. Son amour