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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/247

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– Il s’agit de mon salut. Or, me sauver, c’est conserver pour toi la position que je t’ai faite !

– Es-tu donc en péril ? demanda vivement Ovide.

– Oui.

– Alors, je suis prêt à tout… sans exception. Qui te menace me menace. Tu es mon bailleur de fonds et je tiens à te conserver intact ! Est-ce que le passé reviendrait sur l’eau ? Il y a prescription.

– Il n’y a jamais de prescription pour le scandale, et le scandale me perd aussi sûrement que la cour d’assises.

– Explique-toi donc, et franchement.

– Je te dirai tout. Lors de mon arrivée à Paris, un hasard diabolique a jeté sur ma route le fils de Jules Labroue.

– Celui que tu as… oui… connu… Je le savais. On a prononcé son nom devant moi, tandis que je me trouvais dans ton cabinet, à l’usine. Dame ! je possède un peu de jugeote, j’ai deviné que c’était le fils de l’autre, et j’ai trouvé très malin d’avoir amené ce jeune homme chez toi pour le tenir sous ta main, et pour savoir ce qu’il pense.

– C’est parce que je connais la pensée de Lucien Labroue que je l’ai pris avec moi, répondit Jacques Garaud.

– Et cette pensée ?…

– Le but de sa vie est de venger la mort de son père.

– La mort de son père est vengée, puisqu’un jury plein d’intelligence a condamné Jeanne Fortier à la réclusion.

– Il ne croit pas Jeanne Fortier coupable. Il a le pressentiment de la vérité. C’est Jacques Garaud qu’il accuse et dont il nie la mort…

– Diable ! Mon opinion se modifie. Puisqu’il en est ainsi, la présence de Lucien Labroue chez toi est dangereuse.

– Elle le deviendrait surtout si la fatalité voulait qu’il rencontrât Jeanne Fortier, et que cette femme me reconnût.

– Jeanne Fortier est en prison et n’en sortira jamais…

– Elle s’est évadée. Elle est libre…

– Libre ! Saperlipopette, mauvaise affaire ! Ils pour-