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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/248

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raient en effet se rencontrer, et il ne le faut pas. Bref, c’est Lucien Labroue que tu juges opportun de supprimer ?

– Non, répondit le millionnaire.

– Jeanne Fortier, peut-être ?

– J’ignore où elle se trouve.

– Alors, je donne ma langue aux chats.

– Je vais m’expliquer… Tu sais si j’aime ma fille Mary !… Je l’aime à mourir, si elle mourait… et tu sais qu’elle est bien malade.

– Il faut qu’elle vive… et le plus longtemps possible, diable ! Mais qu’est-ce que ta fille vient faire dans tout cela ?

– Mary aime Lucien Labroue.

– Et c’est cela qui te chiffonne ! fit gaiement Ovide. Mais ce béguin de Mary pour Lucien Labroue est ta planche de salut ! Dépêche-toi de donner ta fille au jeune homme. Une fois que le maire aura prononcé conjungo, plus rien à craindre. Supposons que Lucien, devenu ton gendre et ton associé, rencontre Jeanne Fortier… Supposons qu’ils cherchent ensemble le véritable meurtrier de Jules Labroue, et qu’ils le trouvent ; il est clair que Lucien lui-même imposerait silence à Jeanne Fortier. Pourrait-il provoquer un scandale autour de l’homme dont il aurait épousé la fille ? Jamais de la vie.

– J’avais fait ce calcul en apprenant l’amour de Mary pour Lucien… mais le mariage est impossible.

– Est-ce que le jeune homme serait déjà marié par hasard ?

– Il n’est pas marié, mais il aime une jeune fille.

– Elle est donc si riche, cette jeune fille ?

– Elle ne possède pas un sou.

– En voilà un idiot ! C’est trop bête, c’est invraisemblable !

– Soit, mais Lucien a refusé la main de Mary.

– Je commence à comprendre. C’est la péronnelle qui vient mettre des bâtons dans les roues qu’il s’agit de supprimer…

– C’est elle !