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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/249

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– Quand elle aura disparu, Lucien Labroue ne sera pas assez nigaud pour laisser échapper la fortune que tu lui offres…

– C’est sur cela que je compte pour sauver ma fille.

– Eh bien, cousin, je me charge d’arranger l’affaire. Avant peu ma cousine s’appellera Mme Lucien Labroue. Comment se nomme la particulière de ce coco-là, et où perche-t-elle ?

– Je n’en sais rien, mais voici un expédient auquel j’ai pensé, et qui peut nous amener à découvrir ce que j’ignore. J’envoie Lucien passer trois semaines à Bellegarde pour mettre en place des machines et relever des plans. Il couchera ce soir à l’usine afin de pouvoir faire expédier demain, dès la première heure, les machines qu’il accompagnera au chemin de fer. Il partira lundi matin…

– Pas un mot de plus ! interrompit Ovide… C’est compris ! Ayant son dimanche libre, et filant le lundi, il consacrera la journée à faire à son idole les plus touchants adieux… Donc il faut établir une surveillance et savoir où le jeune homme ira traîner ses guêtres en sortant de l’usine.

– As-tu besoin d’argent ? demanda Jacques Garaud.

– Regarde comme je suis gentil, cousin, je ne te demande rien quant à présent. Quand nous connaîtrons la besogne, nous ferons le prix. Où se trouve le logement particulier de Labroue ?

– Rue de Miromesnil, numéro 87.

– Suffit, on le filera. Maintenant allons dîner…

– Laisse-moi partir le premier. Je vais envoyer mon cocher prévenir chez moi que je ne rentre pas dîner.

– Moi, j’irai attendre au restaurant du père Latuile. »… Jacques Garaud quitta son prétendu cousin vers onze heures du soir.

« Ovide est bien l’homme qu’il me fallait, pensait-il. Avec lui, je triompherai de tous les obstacles. »

Le Dijonnais se disait de son côté :

« Peste ! Il s’agit de conserver mes rentes ! Quant au prix du travail, j’aurai soin qu’il atteigne un chiffre coquet ! »