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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/25

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III

L’ingénieur Jules Labroue était un homme de quarante-cinq ans. La bonté formait le fond de sa nature, ce qui ne l’empêchait point d’être à cheval sur la discipline. Élève de l’École polytechnique, il conduisait son usine militairement.

Ne possédant qu’une très médiocre fortune, il avait épousé à trente-deux ans une femme assez riche pour lui permettre de donner suite aux projets qui le hantaient depuis sa première jeunesse. Il portait mille inventions dans son cerveau toujours en travail. Grâce à la dot de sa femme, il passa du domaine de la théorie dans celui de la pratique. Il put faire construire l’usine qu’il dirigeait à Alfortville. Il n’avait pas encore mis d’argent de côté, mais la maison prenait de jour en jour plus d’extension et le fonds de roulement devait se doubler et même se quadrupler à bref délai, car l’inventeur travaillait sans relâche.

Cinq ans auparavant, Jules Labroue avait perdu sa jeune femme, morte en mettant au monde un garçon. Cette mort prématurée frappa douloureusement l’ingénieur. Blessé au cœur il devint acariâtre. Il ne retrouvait quelque chose de son ancienne douceur de caractère qu’auprès de son petit garçon Lucien.

Lucien était élevé chez la sœur de son père, veuve et