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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/252

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jusqu’à son domicile où Lucien s’était rendu en voiture, sitôt après l’expédition des caisses d’emballage à la gare de Lyon. Pendant que Lucien était chez lui, Ovide Soliveau changea de voiture, vint s’installer à quelques mètres derrière le fiacre de Lucien qui l’attendait, et donna l’ordre à son cocher de filer ce fiacre.

Ovide s’installa dans la voiture, la tête à la portière, les yeux fixés sur la porte du numéro 87. Tout à coup il aperçut Lucien Labroue sortant après avoir changé de costume. Le jeune homme dit à son cocher quelques mots, puis il monta.

« En chasse ! et vivement… » souffla Ovide.

Les deux véhicules roulant l’un à la suite de l’autre arrivèrent au quai Bourbon. Le premier s’arrêta devant le numéro 9. Le second fit halte au coin du pont Marie. Lucien s’élança sous la voûte d’une vieille maison et disparut. Ovide observait plus que jamais.

« C’est là que doit percher la donzelle… » murmura-t-il.

Il sortit de son fiacre.

« Vous avez vu où il est entré ? lui dit l’automédon.

– Oui. Restez où vous voilà, et attendez-moi. »

Lucien Labroue s’était engagé dans l’escalier de droite pour aller chez sa fiancée dont le logement touchait, nous le savons, à celui de Jeanne Fortier. Le jeune homme, en passant, souhaita le bonjour à son ancienne concierge.

« Ah ! vous êtes en retard, lui dit celle-ci en riant.

– Aussi, je monte, vite. Au revoir. »

Et Lucien gravit l’escalier en mettant les marches doubles. Lucie l’attendait sur le seuil de la porte. Il la prit dans ses bras et couvrit de baisers son front et ses cheveux.

« Oh ! le vilain ! fit Lucie, une demi-heure en retard !

– Il m’a été impossible de venir plus tôt.

– Pourquoi donc ! Le dimanche vous n’avez rien à faire !

– Eh bien, ce matin, j’étais debout une heure avant le jour !

– Une heure avant le jour ! Que se passait-il donc ? »