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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/255

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en arrière pour éviter un baiser de Lucien. Le mouchoir glissa dans le vide, et vint s’abattre aux pieds de Soliveau qui s’empressa de le ramasser.

De la fenêtre, Lucie fit des signes télégraphiques faciles à comprendre. De la même manière, c’est-à-dire en mimant sa réponse, Ovide indiqua qu’il allait déposer l’objet chez le concierge. Les fiancés quittèrent immédiatement la fenêtre. Ovide, enchanté de l’incident, était déjà dans la cour. À ce moment précis, une victoria s’arrêtait devant la maison, et Mary Harmant en descendait.

En voyant Ovide Soliveau vêtu en maçon se diriger de son côté, la concierge avait quitté son travail.

« Qu’est-ce qu’il y a pour votre service ? demanda-t-elle.

– Ma chère dame, répondit-il, voici un mouchoir qu’une jeune demoiselle a laissé tomber depuis le sixième étage.

– Du sixième étage… répéta la concierge. C’est la couturière mam’selle Lucie, qui demeure là-haut…

– Je descends », cria Lucie du haut de l’escalier. Ovide en savait assez. Il allait partir, lorsqu’en se retournant il se trouva face à face avec Mary. Vivement, il se jeta de côté en détournant la tête pour éviter d’être reconnu.

Mais Mary ne s’occupait pas de lui.

« Mlle Lucie, la couturière ? demanda-t-elle.

– Au sixième, madame. La porte à droite. »

La jeune fille se dirigea vers l’escalier, en se garant du prétendu maçon dont les vêtements étaient couverts de plâtre.

Ovide, trouvant le passage libre, s’élança au-dehors et traversa rapidement la cour. Lucie arrivait aux premières marches de l’escalier.

« Vous, mademoiselle, dit-elle d’un ton joyeux.

– Je viens pour vous voir, ma chère Lucie, répliqua Mary.

– Ah ! comme vous allez être surprise !

– Moi ! pourquoi ?

– Je ne veux rien vous dire… vous verrez. Montez lentement, mademoiselle, pour ne pas vous fatiguer trop. »