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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/256

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Au second étage Mary s’arrêta pour respirer. L’air s’échappait en sifflant de sa poitrine oppressée.

« Voulez-vous vous appuyer sur moi, mademoiselle ? demanda Lucie.

– Volontiers. »

La fille de Paul Harmant poursuivit son ascension.

« Que c’est bon et gracieux à vous, mademoiselle, d’être venue me voir, reprit l’ouvrière, car c’est bien pour moi. Votre vêtement n’est même pas encore assemblé…

– C’est pour vous, bien pour vous, mignonne.

– Combien j’en suis heureuse… et comme il va être surpris, lui !

– Lui ? Qui donc ? demanda Mary curieuse.

– C’est le secret… c’est la surprise ! Vous verrez. »

Quelques secondes après la sortie de sa fiancée, Lucien Labroue s’était remis à la fenêtre. Il regardait la victoria qui venait de s’arrêter devant la porte.

« C’est singulier… murmura-t-il. Ces chevaux… cette livrée !… On dirait une des voitures de M. Harmant. »

Le bruit de la porte qui s’ouvrait lui fit quitter son observatoire. Il se retourna et vit à dix pas de lui, sur le seuil, Mary respirant avec peine mais le visage souriant. Elle et lui poussèrent en même temps un cri de stupeur. Mary, chancelante, appuya sa main sur le côté gauche de sa poitrine.

« Ah bien, que dites-vous de ma surprise ? » fit Lucie.

La fille de Paul Harmant avait chancelé, étreinte au cœur par un pressentiment douloureux.

« Vous ici, monsieur Labroue ! fit-elle en dominant son trouble. Par quel hasard vous êtes chez mademoiselle ? »

Lucien allait balbutier quelques paroles embarrassées, lorsque Lucie intervint. Elle répondit en souriant :

« Ce n’est point un hasard, mademoiselle. On est certain, tous les dimanches, de trouver ici M. Lucien.

– Ah ! vous connaissez depuis longtemps M. Labroue.

– Nous nous connaissons depuis près de deux ans, mademoiselle… répliqua Lucien. Avant d’aller demeurer rue de Miromesnil, j’habitais cette maison…