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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/258

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Restez auprès de M. Lucien. Demain il quitte Paris. Il ne faut pas le priver de votre présence un seul instant. Bon voyage, monsieur Labroue. Au revoir, Lucie. »

Et la fille du millionnaire sortit, laissant l’ouvrière stupéfaite en face d’une énigme, dont elle cherchait en vain le mot.

« Mais que se passe-t-il donc, mon ami ? demanda Lucie, en proie à une indicible émotion. Pourquoi Mlle Harmant, en nous voyant ensemble, a-t-elle changé tout à coup de visage et d’attitude ? Pourquoi, elle, si douce d’habitude avec moi, a-t-elle pris tout à coup un ton dur ? Pourquoi, enfin, est-elle partie si vite, les yeux à la fois noyés de larmes et pleins d’éclairs ?

– En vérité, je n’en sais rien, ma chère Lucie… répondit le jeune homme, qui ne voulait pas porter le trouble dans l’âme de sa fiancée, en lui parlant des propositions de M. Harmant. Mlle Mary est maladive, vous le savez. Elle aura subi sans doute une crise soudaine dont l’ascension de vos six étages pourrait bien avoir été la cause.

« Il ne faut pas que sa visite gâte notre dimanche ! Voulez-vous sortir un peu ?

– Je veux bien, répondit Lucie, mais à la condition que nous serons de retour quand maman Lison viendra.

– Nous allons seulement faire un tour, et nous reviendrons. »

* * *

Ovide Soliveau, stupéfait de voir apparaître à l’improviste la fille de son prétendu cousin et de l’entendre demander Lucie la couturière, s’était empressé de regagner sa voiture.

« Inutile de rôder plus longtemps dans les environs. Je sais ce que je voulais savoir d’abord… Il y a, dans la visite de Mary à l’ouvrière, quelque chose qui ne me semble pas du tout naturel. Lucien Labroue refuse d’épouser Mary, et Mary vient chez la donzelle où se trouve Lucien Labroue. Qu’est-ce que ça signifie ? Mon