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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/261

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lence inouïe de cette crise pouvait amener une catastrophe.

« Mon enfant chérie, calme-toi, dit Jacques Garaud d’une voix suppliante. Tu seras la femme de Lucien.

– Mais cette fille ?

– Il la quittera.

– S’il ne la quittait pas ?

– On trouverait moyen de l’éloigner de lui.

– Oui, c’est vrai, l’éloigner… dit Mary avec fièvre. L’éloigner… Ce serait me le rendre peut-être… Mais comment ?

– Mais tu n’as donc pas compris ! s’écria Paul Harmant en attachant sur Mary un regard où s’allumaient des lueurs sinistres. Sur la mémoire de ta mère, je jure que je te donnerai Lucien. Je t’ai dit qu’on l’éloignerait, cette fille, et qu’il l’oublierait. Eh bien, on l’éloignera et il l’oubliera. »

Mary essaya de sourire à son père et se retira la tête basse, le visage morne.

* * *

L’ex-contremaître de Jules Labroue avait résolu, nous le savons, de supprimer s’il le fallait la rivale de sa fille. Le désespoir dont il venait d’être témoin ne pouvait que redoubler sa haine pour l’innocente Lucie. Comme cela avait été convenu, il se rendit à la petite maison de l’avenue de Clichy. Ovide l’attendait.

« Ah ! ma vieille branche, j’en ai long à t’apprendre… J’ai filé notre homme et je connais le nom de la donzelle dont il est toqué.

– J’en sais aussi long que toi à ce sujet, dit Jacques Garaud.

– Pas possible !… ou alors, c’est ta fille qui t’a renseigné ?

– Oui.

– Comment se fait-il qu’elle connaisse la personne en question ?

– Cette Lucie est une des ouvrières de sa tailleuse.

– Voilà qui explique la présence de ma cousine au