quai Bourbon. Je m’y suis trouvé nez à nez avec elle.
– Mais alors elle t’a reconnu ?
– Plus souvent ! Quelle idée te fais-tu de moi ? Je m’étais mis sur le dos une « pelure » de maçon. Elle a dû faire une drôle de tête, ma petite cousine, en trouvant son adoré chez la couturière.
– Mary est dans un état de désespoir effrayant.
– Conseille-lui de calmer ses nerfs. J’espère bien qu’avant huit jours elle n’aura plus rien à craindre de mam’selle Lucie. À propos, chez qui travaille-t-elle, Lucie ?
– Chez Mme Augustine, une couturière bien connue qui habite rue Saint-Honoré au coin de la rue de Castiglione.
– Voilà un renseignement précieux. Occupons-nous présentement du côté sérieux de la question : en faisant disparaître la jeune personne, nous allons mettre la famille sens dessus dessous.
– Lucie n’a pas de famille, c’est une enfant trouvée.
– Tout va bien ! La police agira mollement.
– Que vas-tu faire ?
– Le diable m’emporte si je m’en doute ! Aie confiance en moi, je ne suis point bête. Seulement…
– Seulement, quoi ? demanda Jacques Garaud.
– J’ai dans ma folle idée que ça va coûter pas mal cher.
– Qu’importe ? fit l’industriel avec un geste d’insouciance. Combien te faut-il ? Veux-tu vingt mille francs !
– Va pour vingt mille francs ! Peut-être ne les dépenserai-je pas… ou peut-être davantage.
– Encore une fois, qu’importe la dépense pourvu que Lucien revienne à Mary et que Mary soit heureuse !…
– Donne toujours les vingt mille. »
Paul Harmant fouilla dans son portefeuille. Il en tira plusieurs liasses de billets de banque et les tendit à Soliveau.
« Merci ! répliqua le Dijonnais. Voilà pour les frais de la guerre… Mais pour moi, qu’y aura-t-il ?
– Ce que tu voudras. Formule un chiffre ?