– Un tête-à-tête ! Tout de suite ! c’est compromettant.
– Point avec un homme de mon âge. Acceptez.
– Eh bien, j’ai confiance en vous… J’accepte.
– À la bonne heure… Alors, entrons là… Au Faisan. »
Cinq minutes plus tard, ils étaient installés en face l’un de l’autre dans un cabinet particulier. Le monsieur aux cheveux gris et à l’allure convenable se montra très paternel. Amanda le trouva charmant et fonda sur lui les plus sérieuses espérances. Le repas terminé, Ovide fit venir une voiture.
« Je vais vous mettre à votre porte, dit-il, ensuite je regagnerai mon logis. Où demeurez-vous ?
– Rue des Dames, numéro 29, aux Batignolles. »
Le fiacre roula, fit halte à l’endroit indiqué.
« Quand vous reverrai-je ? demanda la jeune fille.
– Demain matin à onze heures, répondit Ovide, au restaurant où vous déjeunez chaque jour.
– Vous le connaissez ?
– Je connais tout ce qui vous concerne. Je vous attendrai en commandant un menu qui vous plaira.
– Vous êtes un homme charmant… À demain ! »
Amanda rentra chez elle. Ovide donna l’ordre de le conduire à la place Clichy. Le lendemain, Ovide arrivait au petit restaurant où il commandait un déjeuner fin que la jeune fille venait partager. Avant de se séparer, Soliveau et Amanda prirent rendez-vous pour dîner ensemble le soir, et il fut arrêté que chaque jour il en serait de même. Le surlendemain, en arrivant à onze heures précises au petit restaurant, la jeune fille dit à son vieux soupirant :
« J’ai une course à faire pour la patronne ; je dois porter l’étoffe et les garnitures d’une robe de bal à l’une des ouvrières de l’extérieur. Il s’agit d’un travail pressé.
– Et vous irez loin ?
– À l’autre bout de Paris… quai Bourbon, numéro 9. »
« C’est chez Lucie… » se dit Ovide ; puis il ajouta tout haut :
« Mais parfaitement. Prenez une voiture et attendez-moi. »
Dix minutes après, elle montait en voiture à côté de son vieil adorateur. Ovide demanda :