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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/274

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Lucien. Les premières paroles de Jacques Garaud en entrant furent celles-ci :

« J’ai des nouvelles de Lucien, ma mignonne… »

Un pâle sourire vint aux lèvres de Mary.

« Que te dit-il ?

– De bonnes choses pour toi. Lis toi-même ces quelques lignes… »

L’enfant prit la feuille de papier et la lut.

« Eh bien ? demanda le millionnaire.

– Oui, murmura-t-elle avec un long soupir, il se souvient de celle qui a plaidé sa cause auprès de toi. Mais dans ces quelques lignes il n’y a rien qui ressemble à l’amour naissant. Lucien ne peut pas m’aimer, puisqu’il en aime une autre… »

Et la tête de Mary retomba sur sa poitrine.

« En m’écrivant, observa Paul Harmant, Lucien Labroue devait rester dans les termes dont il s’est servi. Il a dit juste ce que les convenances lui permettaient de dire, mais mon avis est qu’il a réfléchi beaucoup à la conversation sérieuse que nous avons eue ensemble. Il comprend qu’il briserait son avenir en épousant une fille sans position.

– Qu’il aime encore ! interrompit Mary.

– Dont il se détache visiblement, reprit le millionnaire.

– Tu te trompes ! L’instinct de mon cœur est infaillible. Cette jeune fille, cette Lucie, est un obstacle, un obstacle infranchissable… J’ai lu sa confiance dans ses yeux. Elle est sûre de Lucien. Toute espérance m’est interdite.

– Non ! cent fois non ! Je te donne ma parole d’honneur que la lettre de Lucien me paraît un premier pas vers toi. D’ailleurs l’obstacle qui te paraît infranchissable peut disparaître… Elle peut mourir…

– C’est vrai. Je ne souhaite point qu’elle meure, je le jure, mais en la frappant le sort prouverait qu’il me protège…

– Que veux-tu que je dise de ta part à Lucien ?

– Tu ne pourras lui dire la seule chose que j’ai à lui dire…

– Quelle est cette chose ?