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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/275

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– Que je l’aime, et que s’il ne m’aime pas, j’en mourrai ! »

Paul Harmant, le cœur serré, embrassa sa fille et sortit pour lui cacher les larmes prêtes à jaillir de ses yeux.

« Peut-être a-t-elle raison… se dit-il ; l’instinct de son cœur l’éclaire en effet… Je commence à croire que la reconnaissance seule a dicté les phrases de Lucien. Eh bien, je veux que la reconnaissance devienne de l’amour, et pour cela il faut que l’obstacle disparaisse. Cette Lucie est l’obstacle… Elle sera brisée. »

Dans la journée, le grand industriel répondit à Lucien Labroue et termina par ce paragraphe :

« N’en doutez pas, mon cher collaborateur, ma fille a été fort touchée des quelques lignes que vous m’adressez pour elle. Elle croit cependant ne devoir les attribuer qu’à votre reconnaissance, et la gratitude est un sentiment bien froid. Vous le savez, ma pauvre Mary est très malade… Pour triompher du mal, il lui faudrait les joies divines d’un amour partagé. C’est là qu’est le salut pour elle… Celui de qui ce salut dépend la laissera-t-il mourir ? »

* * *

Nous avons entendu Ovide Soliveau, qu’Amanda connaissait sous le pseudonyme fantaisiste du baron « Arnold de Reiss », annoncer à la jeune fille qu’il ne déjeunerait pas avec elle le lendemain, étant appelé à Fontainebleau.

Le lendemain, vers neuf heures du matin, vêtu comme un bon bourgeois, il se dirigea vers la gare Saint-Lazare, où il prit un ticket pour Bois-Colombes.

Une fois descendu à la station, se souvenant à merveille de l’itinéraire tracé la veille par la jeune essayeuse de Mme Augustine, il sortit de la gare et longea la rue qui se dirige en droite ligne vers la voie de Versailles. L’essayeuse avait dit :

« On côtoie la voie par un petit chemin à droite… »

Ovide prit à droite et s’engagea dans ce chemin, qui ne comptait pas plus de deux mètres de largeur. Il parcou-