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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/278

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nous soupçonner ne pourra venir à personne au monde. Tu es un adroit compère… et je ne marchanderai pas ma reconnaissance.

– Parbleu, j’y compte !… Quand tout sera fini, et que Lucien Labroue aura épousé ma petite cousine, tu me devras une fière chandelle !

– As-tu besoin de moi ?

– Oui… C’est même pour cela que je suis venu te trouver.

– Que dois-je faire ?

– Prétexter un travail pressé qui te retienne ici demain soir jusqu’à une heure avancée de la nuit.

– C’est facile… ensuite ?

– Me donner le moyen d’entrer dans l’usine et d’arriver auprès de toi sans montrer ma binette au portier.

– Je vais te remettre une clef de la petite porte de l’usine…

– Avoir ta voiture attelée pour me reconduire à Paris, et faire en sorte de laisser croire que nous avons passé la soirée à travailler. C’est un alibi que je prépare.

– La chose ira de soi. Peux-tu venir à six heures ? Je t’attendrai et nous dînerons ici même, dans mon cabinet.

– Il est essentiel que je sois là-bas à huit heures et demie.

– Nous dînerons vite. Tu sortiras par une petite porte de derrière. Une fois dehors, tu prendras la route de Paris à Argenteuil pour aller à Bois-Colombes. Tu rentreras par la même porte. Ma voiture stationnera sur le quai, prête à partir. On croira que nous ne nous sommes point quittés.

– Excellente combinaison ! Ces précautions d’ailleurs ne sont qu’un surcroît de prudence, car il est évident que nous ne pouvons rien avoir à craindre. Je serai ici demain soir à six heures précises. Mets en lieu sûr cette valise ; elle contient le travestissement dont je me servirai demain… »

Les deux misérables se séparèrent. Une expression de joie farouche rayonnait sur le visage de Jacques Garaud.

« Demain, murmura-t-il, l’obstacle sera brisé… Le lien