Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

– Oui, monsieur. Mais je me permettrai de vous faire observer que la machine à guillocher a dit son dernier mot…

– Pour les machines à guillocher les surfaces planes, oui.

– Il est impossible de faire des tours capables de guillocher des surfaces arrondies.

– Croyez-vous ?

– Je le crois d’autant mieux que j’ai tout particulièrement étudié le système.

– Difficile, oui… impossible, non… C’est une machine à guillocher les contours que j’ai inventée. »

Le contremaître ouvrit de grands yeux et fit un geste de surprise.

« Si vous ne vous illusionnez pas, monsieur, dit-il ensuite, vous gagnerez des millions ! On s’arrachera cette mécanique introuvable…

– Je l’ai trouvée, mais, je vous le répète, j’ai besoin de m’entendre avec vous sur diverses applications de mon système. Je pense comme vous que, si la réussite est complète, je réaliserai pour mon fils une grosse fortune. C’est surtout en pensant à lui, à son avenir, que je travaille avec tant de courage, mais je ne veux pas être égoïste ; je vais vous confier mes plans. Nous les étudierons ensemble et, si vous n’y trouvez rien à reprendre ou à modifier, vous vous mettrez à l’œuvre pour la construction, en ayant soin de tenir secrète une découverte qu’une seule indiscrétion permettrait peut-être de me voler.

– Ah ! monsieur, s’écria Jacques, vous pouvez compter sur moi, vous le savez bien.

– Je le sais et c’est pour cela que je fais de vous, à partir d’aujourd’hui, un collaborateur associé. Sur les bénéfices de la machine à guillocher que nous allons construire, je vous donnerai quinze pour cent. »

Le feu de la convoitise s’alluma dans les yeux du contremaître.

« Quinze pour cent ! répéta-t-il.

– Oui, et je porterai cette somme à vingt pour cent après un chiffre de trois cent mille francs de bénéfices