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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/280

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dit l’entrée de sa maison. La patronne n’ose point demander à son mari de lui écrire. Elle m’envoie près d’elle pour la prier de venir l’embrasser sur son lit de souffrance.

– C’est dommage que je sois si pressée, maman Lison. Je vous aurais attendue. Mais c’est impossible… J’ai une robe à terminer pour demain, et je dois même revenir l’apporter à la Garenne à neuf heures du soir… ce qui n’est pas gai. »

La vieille femme et la jeune fille s’embrassèrent et Lucie courut vers la gare. Quelques instants après, maman Lison débouchait sur la route de Paris. En face d’elle se trouvait une propriété. Une plaque fixée sur l’entrée portait le chiffre 41. Jeanne agita la chaînette de la cloche et bientôt apparut une vieille servante qui accueillit la visiteuse par ces mots :

« Qu’est-ce que vous demandez ?

– Mme Lebret, de la part de sa fille, Mme Lebret. »

La servante conduisit Jeanne Fortier jusqu’à la maison où se trouvait Mme Lebret, volumineuse femme de soixante années, et dit :

« Voici une personne qui vient de la part de Mme Lebret.

– De la part de ma fille ! s’écria la forte femme. Est-ce qu’elle serait malade ?

– Oui, madame, répondit Jeanne. Depuis quinze jours.

– Et c’est au bout de quinze jours que mossieu Lebret songe à me faire avertir, reprit Mme Lebret avec colère.

– Ce n’est pas lui qui m’envoie, madame.

– Alors, c’est ma fille ?… Elle sait bien qu’ayant été chassée de chez elle par son mari, je n’y remettrai jamais les pieds…

– Mme Lebret est gravement atteinte, très gravement.

– Je n’irai pas m’exposer à être insultée dans une maison où j’ai apporté la fortune. Ma fille sait cela et je m’étonne qu’elle vous ait envoyée à l’insu de son mari…