– Elle pensait que, la voyant bien malade…
– Je n’irai chez ma fille que quand mossieu Lebret m’y appellera lui-même, en me faisant des excuses par écrit. »
Jeanne se sentait le cœur serré. Elle hasarda quelques mots, Mme Lebret l’arrêta :
« Tout ce que vous pourriez me dire et rien sera la même chose ! » s’écria la vindicative créature.
La porteuse de pain se retira, profondément affligée. Sept heures sonnaient lorsqu’elle rentra rue Dauphine. Mme Lebret attendait son retour avec impatience.
« Eh bien, maman Lison, vous avez vu mère ? demanda-t-elle d’une voix faible.
– Oui, madame… fit Jeanne avec un embarras si visible que la patronne comprit aussitôt ce qui s’était passé.
– Ainsi, ma mère n’a point oublié ses discussions avec mon mari ? balbutia-t-elle. Elle refuse de venir me voir ?
– Hélas ! oui, madame. »
Maman Lison répéta alors son entretien avec Mme Lebret.
« Mon Dieu ! mon Dieu ! gémit la malade. Je ne verrai pas ma mère avant de mourir !
– Vous vous exagérez beaucoup votre état, et peut-être que monsieur ne refusera pas d’écrire à sa belle-mère.
– Mon mari est absent. Il reviendra demain soir seulement… et qui sait si demain je serai vivante encore… »
La malade tordit ses mains, et de grosses larmes coulèrent sur ses joues. Jeanne la regardait, le cœur serré.
La voiture dans laquelle se trouvaient Ovide et Melle Amanda s’était arrêtée en face de la maison portant le numéro 9 du quai Bourbon. La jeune fille gravit les six étages et ouvrit la porte de la chambre où Lucie travaillait avec une ouvrière.
Tandis que l’essayeuse montait chez Lucie, Ovide