Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ovide Soliveau, dissimulé dans le petit bouquet de bois dont nous avons déjà parlé, avait entendu le bruit de la marche rapide et légère de l’ouvrière. Il tira de sa poche le couteau que nous connaissons, enleva le bouchon fiché sur la pointe, et se rassembla de manière à pouvoir s’élancer sur la jeune fille comme le jaguar sur sa proie. Lucie avançait toujours. Malgré l’obscurité, Soliveau la reconnut. Elle portait le carton de Mme Augustine. Deux ou trois secondes s’écoulèrent. La jeune fille arrivait au niveau du guetteur.

Ovide fit un bond, se trouva au milieu de chemin, le bras levé et, avant que Lucie ait pu s’apercevoir de l’effroyable péril qui la menaçait, elle tomba frappée par l’arme du misérable, en poussant un grand cri. L’assassin se pencha sur le corps, leva de nouveau le bras et porta un second coup, en pleine poitrine. Mais la pointe de l’arme, rencontrant un obstacle métallique, se brisa net au lieu de pénétrer.

« Ça ne fait rien, murmura le bandit, elle a son compte. »

Puis, voyant une montre et sa chaîne au corsage de la jeune fille, il les enleva et, fouillant la poche de la robe, il retira le porte-monnaie qui s’y trouvait.

« Ainsi l’affaire sera mise sur le compte des voleurs… »

Alors il s’élança dans le sentier qui contournait le bouquet d’arbres. Soudain il s’arrêta. On parlait devant lui à une faible distance, et trois formes humaines s’avançaient au milieu des ténèbres. Ovide sauta dans les terres labourées, et prit sa course en jetant dans un sillon le manche du couteau brisé qu’il tenait encore à la main.

Les trois formes, qu’il venait d’apercevoir étaient celles de Jeanne Fortier, de Mme Lebret et de sa bonne.

« Je vous assure, madame, disait Jeanne, que j’ai bien entendu un cri du côté du chemin de fer… là en face de nous… au bout de ce sentier… un cri d’épouvante… un cri de mort.

– Vous vous serez trompée, répliqua la vieille dame.

– Je suis sûre du contraire. »

C’est à ce moment qu’Ovide s’était mis à fuir à