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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/293

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– On la conduira chez moi, reprit le commissaire. J’ai une chambre libre, et cette brave femme lui donnera ses soins.

– Certes, je ne la quitterai pas ! » s’écria Jeanne.

Lucie fut étendue avec des précautions infinies sur le brancard, et le convoi prit la route de Bois-Colombes. On arriva vite à la maison où Lucie devait recevoir l’hospitalité. La femme du magistrat et sa servante s’empressèrent de préparer un lit pour la jeune fille. Le docteur sonda la blessure, s’assura qu’il ne s’était point trompé en ne la croyant pas dangereuse, et procéda à un pansement sommaire. Pendant ce temps, le commissaire et le brigadier fouillaient ses vêtements.

« C’est bien pour la voler qu’on a voulu tuer cette enfant, dit le brigadier ; on a retourné les poches de la robe, et voici une boutonnière déchirée au corsage, sans doute en arrachant un objet qui s’y trouvait suspendu.

– Sa montre, monsieur… » fit la porteuse de pain.

On commença la rédaction d’un procès-verbal détaillé, et on se sépara vers les trois heures du matin, laissant la blessée toujours évanouie sous la garde de maman Lison.

* * *

Ovide Soliveau avait vivement gagné la route de Paris et s’était élancé vers Courbevoie où Paul Harmant l’attendait. Il n’eut aucune peine à retrouver la petite porte donnant accès dans l’usine. Le constructeur, fiévreux, le fit vivement entrer, en demandant d’une voix à peine distincte :

« Eh bien ?

– C’est fait… répondit Ovide, Lucien Labroue est veuf de la main gauche. Il ne lui reste qu’à épouser ta fille devant M. le maire… »

On gagna le bureau du constructeur. Soliveau s’empressa de changer de costume. Il replia ses vêtements de paysan, qu’il enferma dans la valise, et il glissa dans l’une de ses poches la montre et le porte-monnaie volés à Lucie.