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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/301

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Mlle Amanda avait attendu à l’heure du déjeuner le pseudo-Arnold de Reiss, et celui-ci lui avait faussé compagnie. Dans la journée, l’essayeuse de Mme Augustine reçut par la poste une lettre de son platonique amoureux. Cette lettre contenait un billet de mille francs et annonçait qu’Arnold était obligé de faire un voyage d’assez longue durée.

Amanda serra le billet de banque avec soin et froissa la lettre avec colère. Ce départ si brusque cachait-il une rupture ?

* * *

Lorsque Lucien Labroue jeta les yeux sur la lettre dont nous avons reproduit la plus grande partie, il reçut en plein cœur un coup terrible. Lucie avait failli mourir… le fils de Jules Labroue éprouvait une véritable torture morale… À quelle résolution s’arrêter ? Partir pour Paris ? Abandonner la surveillance dont il était chargé ? Assurément, il ne le pouvait pas.

De tout ce qui précède résulte la preuve que personne ne pouvait soupçonner les vrais motifs de la tentative d’assassinat commise sur la jeune fille. Ovide et Paul Harmant pouvaient se croire à l’abri de tout soupçon.

À l’hôtel de la rue Murillo, Paul Harmant s’abstenait provisoirement de parler à sa fille de Lucien Labroue. Le jeune homme, dans ses lettres, évitait d’écrire le nom de Mary.

L’état de celle-ci restait le même. Elle ne laissait pas échapper une plainte, elle ne prononçait pas une parole de reproche ; pourtant son père lisait dans son âme, comprenait ce qu’elle ne disait point, et se demandait s’il ne ferait pas bien de hâter le retour de Lucien. Mais ne serait-ce pas éveiller les soupçons ? Et il temporisait, par prudence. Dix jours se passèrent.

Lucie était revenue au quai Bourbon. La jeune fille s’était remise immédiatement au travail ; mais il lui était interdit de se fatiguer. Néanmoins, elle avait terminé l’assemblage des costumes de Melle Harmant.

Mary sortait à peine de chez elle et ne s’occupait point