Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mortelle, et semblait ne se tenir debout qu’à grand-peine. Mary s’aperçut du grand changement survenu en elle depuis leur dernière entrevue.

« Que me voulez-vous ? demanda-t-elle avec hauteur.

– Je venais, mademoiselle, vous essayer vos costumes. Je suis très en retard, mais ce n’est pas ma faute. J’ai été victime d’un crime, qui m’a empêchée de travailler.

– Un crime ? s’écria Mary, quel crime ?

– On a tenté de m’assassiner… on y a presque réussi…

– Vous avez été blessée, mademoiselle ? fit Paul Harmant avec le plus grand sang-froid.

– Oui, et je souffre encore de ma blessure… J’ai reçu un premier coup de couteau, et un second allait m’achever si la lame ne s’était pas brisée sur le busc de mon corset…

– Votre assassin a été arrêté, sans doute ?

– Non, monsieur, mais il le sera bientôt… j’espère. »

Cette réponse fit perler des gouttes de sueur froide sur les tempes du millionnaire.

« Vous avez pu donner son signalement ? demanda-t-il.

– Non, monsieur… C’est à peine si je l’ai entrevu dans la nuit. C’est, paraît-il, un rôdeur. Il tuait pour voler…

– Ah ! on vous a volée ?

– Oui, monsieur… ma montre et mon porte-monnaie… »

Depuis que Lucie était entrée, le faux Paul Harmant la contemplait avec une curiosité grandissante.

« C’est singulier, se disait-il, il me semble que j’ai déjà vu ce visage… que j’ai déjà entendu cette voix… Cependant je me trouve pour la première fois en présence de cette jeune fille… »

Tout à coup une lueur se fit dans sa mémoire.

« J’y suis… poursuivit-il. C’est le portrait vivant de Jeanne Fortier, lorsque Jeanne Fortier était jeune elle-même… »

En même temps il se rappelait qu’à l’époque de l’incendie d’Alfortville, la fille de Jeanne était en nour-