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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/307

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– Oui, c’est Joigny…

– C’est à Joigny qu’il s’agit d’aller. Je m’en charge.

– As-tu besoin d’argent ?

– Question naïve ! Amanda m’a coûté les yeux de la tête et je suis à peu près à sec. »

En répondant ainsi, Ovide mentait avec impudence. Le faux Paul Harmant ouvrit le tiroir de son bureau et en tira une liasse de billets de banque qu’il tendit à Soliveau.

« Grand merci ! dit ce dernier. Demain matin, dès la première heure, je roulerai vers Joigny. »

* * *

Après le départ de son père, Mary donna l’ordre d’atteler. Elle avait besoin de mouvement et se proposait de faire une visite au peintre Étienne Castel.

Celui-ci la reçut avec une compassion profonde, tant la pauvre jeune fille lui parut changée et souffrante.

« Vous venez, mademoiselle, m’adresser des reproches parce que je n’ai pas fait d’acquisition pour votre galerie…

– Rassurez-vous. Je viens vous demander un service. J’ai l’habitude d’offrir à mon père un cadeau à son anniversaire… et ce jour arrivera dans deux mois. Devinez-vous ?

– Je crois que oui… Vous désirez, cette année, donner votre portrait à M. Harmant. Est-ce cela ?

– Parfaitement cela.

– Est-ce un portrait en pied que vous désirez ?

– En pied, oui, si vous le voulez bien.

– Cette grandeur vous conviendrait-elle ? » demanda Étienne en s’approchant du tableau auquel il travaillait lors de l’arrivée de Melle Harmant et qui représentait l’arrestation au presbytère et en désignait la figure de Jeanne, au tiers de nature.

Pendant quelques secondes, Mary demeura attentive et comme en extase devant la toile. Tout à coup elle tressaillit.

« Oh ! on dirait que je connais le visage de cette