femme au milieu des gendarmes. Oui, la ressemblance est frappante.
– S’agit-il d’une femme âgée déjà ?
– D’une personne toute jeune, au contraire. Vingt et un ou vingt-deux ans, au plus. C’est une ouvrière de ma tailleuse…
– Et vous la nommez ?
– Lucie… Est-ce que par hasard vous la connaissez ?
– Où demeure-t-elle, cette Lucie ?
– Quai Bourbon, numéro 9.
– Décidément, je ne la connais pas ».
Étienne pensait :
« La jeune fille qu’aime Lucien Labroue se nomme également Lucie, et demeure quai Bourbon… »
Il ajouta tout haut :
« Ainsi, c’est bien de cette grandeur que je ferai votre portrait ?
– S’il vous plaît ! Et quand commencerons-nous ?
– Après-demain si vous voulez…
– Convenu, je viendrai vers deux heures. Aujourd’hui je me sauve… parce que je vous empêche de travailler.
– N’en croyez rien !… Accordez-moi quelques minutes de causerie. Vous plaisez-vous à Paris ?
– Je me faisais de la grande ville une idée plus gaie…
– Alors vous regrettez l’Amérique ?
– Il y a des instants où je voudrais revoir son beau ciel.
– Bien que vous soyez née à New York, mademoiselle, monsieur votre père n’est pas Américain, lui ?
– Il est Français… originaire de la Bourgogne. Mon grand-père maternel, James Mortimer, ayant reconnu en lui une intelligence hors ligne, l’avait associé à ses entreprises.
– Votre grand-père était un inventeur célèbre ?
– Oh ! oui, monsieur. On lui doit, ainsi qu’à mon père, de grandes et utiles découvertes, entre autres une machine à coudre, la Silencieuse, et une machine à guillocher.
– Une machine à guillocher… répéta Étienne, saisi.
– Un chef-d’œuvre, à ce qu’il paraît.