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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/310

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IX

Le lendemain matin, Ovide Soliveau débarquait à Joigny. Il descendit à l’hôtel de la Cigogne.

Ovide étant Bourguignon savait qu’en Bourgogne il y a des femmes faisant le métier de ce que la bourgeoisie de Paris appelle les « nourrices sèches », et élevant jusqu’à huit ou dix enfants à la fois. Il se fit donner l’adresse d’une de ces femmes et se rendit chez elle.

Mme Noiret, ainsi se nommait la nourrisseuse, femme de quarante ans environ, n’était pas d’un agréable abord.

« Qu’est-ce que vous me voulez ? fit-elle au visiteur.

– Y a-t-il longtemps que vous habitez le pays ?

– Vingt-sept ans… J’en ai quarante et un. J’en avais quatorze quand mon père et ma mère ont acheté c’te maison.

– Depuis quelle époque faites-vous le métier de prendre des enfants en nourrice ?

– Ma mère en prenait. Quand ma mère est morte, j’ai continué.

– Vous connaissez alors toutes les nourrices de Joigny ?

– Bien sûr ! On se rencontre, vous comprenez, quand il s’agit de faire vacciner les mioches…