le nom de Jeanne Fortier, la mère, et celui de Mme Frémy, la nourrice ?
– Oui, monsieur.
– Eh bien, madame, je vous remercie. »
Ovide tendit une pièce de dix francs à Mme Noiret, qui la mit dans sa poche en répliquant :
« N’y avait vraiment pas de quoi ! Tout à votre service. »
Puis le Dijonnais sortit de la maison.
Soliveau marchait au hasard, le front penché. Brusquement il releva la tête et chercha le chemin conduisant à la mairie qu’il trouva sans peine. Il entra dans un bureau et, s’adressant à un jeune employé qui s’y trouvait seul, lui demanda :
« Pourriez-vous me dire, monsieur, qui était le maire de Joigny en 1861 et 1862 ?
– Parfaitement, monsieur, répondit le jeune homme. Le maire de cette époque se nommait Duchemin. C’était le frère de mon père. Il s’est retiré après la guerre.
– Habite-t-il Joigny ?
– Non, mais Dijon, son pays natal.
– Alors il est mon compatriote, dit Soliveau.
– Vous êtes donc, comme moi, de la Côte-d’Or ? fit l’employé.
– Oui, monsieur, et je voulais solliciter de l’obligeance de votre oncle un renseignement qui se rapporte aux années 1861 et 1862. Il s’agit d’une chose fort délicate.
– Peut-être pourrait-on vous répondre ici… »
En cet instant, la porte s’ouvrit violemment et un homme d’apparence vulgaire entra dans le bureau. En voyant cet homme, le jeune employé pâlit et se leva avec embarras.
« Ah ! ça, monsieur Duchemin, fit le nouveau venu d’un ton brutal, il faut donc venir vous relancer jusqu’ici ? Vous vous moquez de moi !
– Ne criez pas si fort, je vous en supplie !…
– Je crierai si je veux. Payez-moi et je me tairai !
– Je vous ai prié d’attendre.
– Eh ! voilà six mois que j’attends !
– Je sollicite un dernier délai… huit jours encore.