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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/314

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– Pourquoi ne pas vous adresser à votre mère ?

– Ma mère vit à Dijon d’une très petite rente viagère…

– À votre oncle ?

– Il renierait sans pitié un neveu déshonoré.

– À quelle heure quitterez-vous votre bureau ?

– Dans un instant ; il va être l’heure.

– Où prenez-vous vos repas ?

– À l’hôtel de la Cigogne.

– C’est là que je suis descendu. Nous dînerons ensemble. »

Duchemin regarda son interlocuteur avec étonnement.

« Je serai à vos ordres, monsieur, répondit-il.

– Comment se nomme votre créancier ?

– Petitjean…

– Prenez votre chapeau et conduisez-moi chez lui. »

Machinalement, le jeune Duchemin obéit. Cinq minutes plus tard les deux hommes arrivaient chez le marchand de vins en gros. En voyant entrer son débiteur, le créancier farouche se leva, et demanda d’une voix dure :

« Qu’est-ce que vous venez faire ici, vous ? »

Ce fut Ovide qui répondit :

« Une chose que vous approuverez certainement. M. Duchemin vient réparer sa faute et vous payer ce qu’il vous doit.

– Il vient me payer ! lui !

– Oui, monsieur, M. Duchemin a commis une folie de jeunesse. Vous l’avez épargné et vous avez bien fait. Il vous en remercie. Il se repent et ne recommencera plus. Je suis un ami de sa famille. Je vais, monsieur, en échange, des billets en questions, vous remettre mille francs, plus l’intérêt de l’argent pendant six mois. »

Ovide avait tiré de sa poche un portefeuille fort bien garni de billets de banque et paya. Le négociant ouvrit sa caisse, en tira deux carrés longs de papier timbré et dit :

« Voici les traites. »

Duchemin étendit la main vers les traites ; mais Ovide les plia soigneusement et les glissa dans son portefeuille qu’il remit dans sa poche.