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Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/318

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L’employé, tout en regagnant la mansarde qu’il occupait dans une maison voisine de la mairie, se demandait, lui, s’il ne rêvait pas. Plus de dettes. Une chose cependant paraissait un peu inquiétante à Duchemin. Pourquoi cet étranger, dont il ignorait le nom, ne lui avait-il pas rendu les deux traites portant la fausse signature de l’oncle Duchemin, l’ancien maire ?…

Le lendemain matin, de bonne heure, il pénétra dans le bureau des archives et prit le registre de l’année 1861. L’année 1861 ne lui donnant aucun résultat, il passa à la suivante.

« Voilà ce que je cherche, fit-il en jetant les yeux sur une feuille volante attachée par une épingle à la page du registre. FrémyJeanne FortierLucie… Oui, c’est bien cela. Les recherches n’auront pas été longues. À quoi bon copier ? Je donnerai l’original. »

Et, détachant la feuille volante, il la plia et la glissa dans sa poche sans même l’avoir entièrement lue.

Tandis que Duchemin se livrait à son petit travail singulièrement irrégulier, Ovide Soliveau descendait la Grand-Rue, regardant avec attention les enseignes des boutiques qui venaient de s’ouvrir. Au bout d’une centaine de pas il se trouva en face de la devanture d’une modiste. Ovide se dirigea vers une jeune fille, debout dans l’encadrement de la porte.

« Mademoiselle, lui demanda-t-il, est-ce ici, je vous prie, que demeure Mme Delion ?

– Oui, monsieur, c’est ma mère. Donnez-vous la peine d’entrer. »

La porte de l’arrière-boutique s’ouvrit et Mme Delion, une femme d’une cinquantaine d’années, à l’air intelligent, parut.

« Vous me demandez, monsieur ? fit-elle.

– Oui, madame. Je désirerais vous entretenir en particulier. »

Sur un signe de sa mère, la jeune fille disparut.

« Vous avez eu ici, dit Ovide, Melle Amanda Régamy.

– Oui, monsieur, un triste sujet.

– Amanda Régamy vous a volée, n’est-ce pas ?

– Pour mille francs de dentelles.