Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/324

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dier. L’adresse du fabricant est gravée près du manche. »

Le commissaire lut à haute voix :

« Ronsart, coutelier, quai Bourbon, numéro 9. Quai Bourbon, numéro 9 ; mais c’est l’adresse de Melle Lucie ! Voilà qui est étrange !

– Monsieur le commissaire, fit observer le brigadier, le morceau de lame ramassé par vous prouve que le couteau était neuf. Donc il devait être sorti depuis peu de jours de chez le fabricant.

– Cela me semble logique, dit le magistrat. Je vais aller ce matin même voir le chef de la Sûreté. »

Le chef de la Sûreté reçut immédiatement le commissaire de Bois-Colombes, qui lui présenta les deux fragments de l’arme, réunis et formant un tout.

« Peut-être, en effet, y a-t-il là un point de départ, dit le chef de la Sûreté ; nous devons en référer au juge d’instruction. »

Mis au fait de l’incident qui venait de se produire, le juge d’instruction fut d’avis qu’il fallait s’en préoccuper. À lui aussi il semblait étrange que le couteau devant servir à l’accomplissement du crime eût été acheté dans la maison qu’habitait la victime. Cela paraissait indiquer la préméditation. Le juge d’instruction et le chef de la Sûreté se rendirent au magasin de coutellerie du quai Bourbon. Le coutelier était absent. Ce fut sa femme qui reçut les visiteurs.

Le chef de la Sûreté présenta l’arme brisée et dit :

« Voici un couteau qui sort de vos ateliers, n’est-ce pas ?

– C’est incontestable, répliqua la marchande ; voilà notre nom, notre adresse et notre marque de fabrique. D’ailleurs, je me rappelle en avoir vendu un tout semblable récemment. Ce doit être celui-là…

– Vous souvenez-vous de la personne à qui il a été vendu ?

– Nous vendons beaucoup, monsieur, soit moi, soit mon mari, soit notre commis. Il m’est donc impossible de préciser, mais toutes les ventes sont inscrites à leur date sur la main courante. »

La marchande feuilleta son livre et dit :